Aziz, mon guide de 18 ans, étudie à Bichkek mais vit à Kochgor. Et il est particulièrement ému de retrouver ses chevaux et ses montagnes pour la première fois cette année ! S’il apprécie le lac Song-Köl pour son immensité et ses abords plats où il peut galoper en toute quiétude, le petit lac Kol-Ukok le fascine toujours autant, comme s’il changeait, ou comme s’il le redécouvrait à chaque fois. Récit de deux jours de balade à cheval, sur les traces des bergers nomades.
A 10H30, nous quittons le village à dos de cheval. Je ne suis pas très à l’aise, même si je dois redoubler d’efforts pour faire avancer mon paresseux destrier ! Trois heures durant, nous traversons de splendides paysages composés de collines, de pâturages, de cailloux, où ne circulent que moutons, chèvres et chevaux en liberté.
Il existe 3 types de chevaux :
- Ceux qui seront montés
- Ceux dont la viande sera mangée
- Ceux qui sont élevés pour procréer et dont les nomades utilisent le lait pour faire du kimiz, une sorte de crème fraîche ou yaourt local.
Certains chevaux sont qualifiés de semi-libres : ils appartiennent à une famille de nomades mais gambadent librement dans la nature. Ces hordes sont dirigées par un stalien, le mâle dominant, qui a droit de cuissage sur toutes les juments et auquel appartiennent tous les poulains. Le stalien a un rôle protecteur. Aziz a déjà eu l’occasion d’en observer un tourner autour de sa horde, rassemblée en cercle, pour la protéger d’un loup affamé !
A midi, nous déjeunons dans l’une des yourtes d’Altimbek et de sa femme, bien installée entre deux collines à l’abri du vent. Toutes deux sont montées face à face, à proximité d’une rivière, à 2500m d’altitude. A l’arrivée de l’été, elles seront déplacées vers le lac Kol-Ukok, à 3000m d’altitude. Si le couple possède encore une yourte traditionnelle kirghize à armatures en bois, il a acheté l’autre, à structure métallique, à un fabricant chinois. Fini le feu de bois au milieu de la yourte, dont la fumée opaque s’échappait par une ouverture dans le toit : à présent, les habitations sont affublées d’un générateur pour l’électricité et le chauffage provient d’un poêle, alimenté par de la bouse de mouton séchée et découpée en carrés.
Ces bergers nomades vivent avec passion des conditions de vie difficiles. Les contraintes climatiques se lisent sur leur visage : la femme d’Altimbek paraît 50 ans alors qu’elle en a à peine 33 ! Ils ont trois enfants : un adolescent qui habite avec eux dans la montagne, ainsi qu’un bébé de trois ans qui vit avec leur fille, étudiante, au village. Les deux plus jeunes ne rejoignent leurs parents que les mois d’été. Heureusement, il ne leur faut qu’une heure à cheval pour se rendre au village et retrouver leur progéniture. Les membres de la famille se réveillent tous les jours entre 4H30 et 5H du matin. Altimbek s’occupe de 700 moutons élevés pour leur viande. Vendre leur laine n’est pas très lucratif, c’est pourquoi sa femme s’en sert pour filer des tapis, des shurdaks (brodés) et des alakiz (filés). Pendant qu’Altimbek, à dos de cheval, rassemble régulièrement les moutons, sa femme fait de la crème, du beurre et du yaourt avec le lait de vache qu’elle récolte en fin d’après-midi. Quant à l’hygiène… si uriner en extérieur ne pose de problème qu’à cause du froid, il faut du courage pour prendre une douche, même à l’eau chauffée !
Après le déjeuner, nous nous remettons en selle pour deux heures de cheval et nous entamons la montée abrupte que nos montures affrontent avec force et courage vers le lac. En chemin, nous ne croisons que bergers, moutons, marmottes et chevaux semi-libres. Le lac est encore gelé et séparé en deux étendues d’eau plus petites. D’après Aziz, ses couleurs sont magnifiques en été. Pourtant même au printemps, il est un ravissement pour les yeux, entouré de collines verdoyantes et de montagnes enneigées !
Au retour, nos chevaux se font moins désirer. Un fabuleux dîner de beignets de viande nous attend dans la yourte chauffée, où il fait bon vivre malgré le froid qui règne dehors. Par contre, malgré trois couches de vêtements, deux couvertures et un bonnet, ma nuit n’est pas aussi paisible que souhaité… Mais se réveiller dans la nature, au milieu d’un paysage somptueux, au son des animaux et à l’odeur alléchante des beignets de pommes de terre, ça vaut bien le sacrifice d’une nuit !
En savoir plus
Prix de l’excursion au CBT : 6200 som.
Demandez au CBT de loger chez Damira, au 32 Shopokova : les murs de sa magnifique maison sont ornés d’immenses tapis, sa douche est équipée de jets ultramodernes, les aliments qui composent son petit déjeuner sont variés et sa fille parle anglais !
Au printemps, il est impossible de se rendre au lac Song-Köl à dos de cheval car la neige obstrue le col.
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