En savoir plus sur les Tsaatanes
Les rejoindre tient de l’expédition : si l’on peut arriver à Tsagaannuur, le village le plus proche des camps Tsaatanes, après 12 heures d’un éprouvant trajet en jeep, le meilleur moyen de découvrir la région reste le cheval, et atteindre les camps situés dans l’est de la taïga à partir de Khatgal, à la porte du magnifique lac Khövsgöl, nécessite 7 jours de randonnée équestre. Il n’en faut pas plus pour que je remue ciel et terre et parte sur les traces de ce peuple nomade éleveurs de rennes ! Malgré les difficultés du voyage en indépendant en Mongolie, me voilà sur le dos d’un cheval, les rennes à la main, précédée d’un guide et équipée de matériel de camping et de nourriture pour les 9 prochains jours. Récit d’une épopée qui s’est révélée aventureuse, mais pas forcément dans le sens où l’on pourrait l’entendre…
Jour 1 : Le départ… ou l’apprentissage de l’heure mongole
Temps de cheval : 4 heures.
Il est 10H. J’ai décidé de partir léger. Mon sac à dos est prêt. Il ne contient qu’un pantalon et un pull de rechange, un bonnet, des gants, une cape hermétique à la pluie, 3 paires de chaussettes, 4 culottes de rechange, 1 couverture polaire, une brosse à dent, un tube de dentifrice, de l’anti-moustique, de la crème solaire et un appareil photo. Pas de savon : au vu des étendues désertiques que nous allons traverser, sans croiser âme qui vive, et de la fraîcheur de l’eau des rivières, je vais échapper à cette corvée quotidienne qu’est la douche jusqu’à mon arrivée à Tsagaannuur ! Il est 10H donc. Et mon guide, Moksou, n’est pas là. A 10H30 non plus… Il se pointe à 11H comme une fleur, sans s’excuser de son retard. En même temps, je le découvrirai plus tard, son vocabulaire en anglais ne se limite qu’à une dizaine de mots parmi lesquels : pluie, feu, eau, cheval et tente. « Désolé », il ne connaît pas. Bien sûr, il n’a pas non plus anticipé l’achat de sa nourriture… Nous quittons donc le village à midi. Heure officielle + 2 heures = heure mongole, dans le meilleur des cas !
Qu’est-ce que mon guide a fait pour m’énerver aujourd’hui ? Bien que j’aie convenu avec mon contact à Mörön, la ville la plus proche, que Moksou et moi longerions le lac Khövsgöl avant de traverser le col qui mène à Renchinlhumbe, il décide d’emprunter un raccourci, dont les paysages ne sont pas aussi époustouflants… Mais comment expliquer à un Mongol (sans jeu de mots) non anglophone qu’il ne suit pas le plan initial ? Je le suis donc sans faire de vague… jusqu’à ce qu’il me demande si j’ai bien une tente et un sac de couchage (le livre de conversation franco-russe a eu une utilité indubitable dans cette conversation !). Bien sûr que non, puisque j’ai demandé à l’agence que le guide s’en charge ! Là où nous sommes, sans réseau téléphonique, difficile de faire mieux que de faire sans… Le visage caressé par les doux rayons du soleil, nous traversons une forêt de pins et longeons la route, au son des chants traditionnels mongols du guide, jusqu’à l’entrée de la zone protégée de Horidol Saridag et des pâturages jonchés d’abris à bétail.
Soudain, vers 17H, nous sommes surpris par une énorme averse ! Il ne faut pas longtemps à Moksou pour dresser la tente mongole. Par tente mongole, j’entends une tenture qui repose sur 2 troncs d’arbres perpendiculaires que le guide fend de sa hache, à même le sol jonché de bouses de yaks, et sans fermeture. Sans sac de couchage, j’anticipe déjà l’horrible nuit qui m’attend ! Le guide allume un feu de bois et entreprend de cuire tous les morceaux d’un énorme jarret de chèvre, qu’il cuisinera en bouillon accompagné de pâtes. Ce sera la première et la dernière fois : pour les autres repas, il se permettra de vivre sur mes réserves ! Le temps est long jusqu’à la tombée de la nuit, aux environs de 22H. Quelle mauvaise surprise en rejoignant la tente : Moksou a préparé des supports de couche sur un seul emplacement, dans l’espoir qu’on dorme côte à côte ! Il me recouvre de son épais manteau et accessoirement de son bras, que je repousse violemment. Malgré mes 3 couches de vêtements et mes 3 paires de chaussettes superposées, la nuit est trop glaciale pour me donner l’opportunité de fermer l’œil. Je ne sais pas non plus à quoi m’attendre avec mon guide. Je veille donc, la hache à mes côtés…
Jour 2 : La découverte… de l’ennui
Temps de cheval : 7 heures
Finalement, la nuit s’est passée sans encombre, et c’est sans repos que je reprends la route à 9H ce matin. Qu’est-ce que mon guide a fait pour m’énerver aujourd’hui ? Alors que de gros nuages noirs menacent, Moksou m’explique que s’il commence à pleuvoir, nous dresserons la tente pour dormir… En fin de matinée ??? Je lui réponds que c’est impossible puisque que je n’ai que 9 jours pour rejoindre les camps Tsaatanes et revenir sur Tsagaannuur, ce qui est trop juste pour perdre un jour à cause des conditions climatiques. Là il m’apprend qu’il n’avait l’intention, en si peu de temps, de ne m’emmener qu’à Tsagaannuur… Cette fois je m’insurge et il m’écoute. Il accélère la cadence et nous ne faisons quasiment que trotter. Le chemin s’élargit pour laisser place à de grandes étendues herbeuses et jonchées de cailloux, encadrées par des collines.
Lorsqu’à 17H, Moksou s’arrête pour dresser la tente, j’en suis bienheureuse, tant mon coccyx et mes genoux me font souffrir ! Comme il n’y a plus de jarret de chèvre à faire cuire, le temps paraît encore plus long que la veille. Je réalise à quel point ces 9 jours seront emprunts d’ennui… Imaginez : pas de compagnon avec lequel converser, pas de réseau téléphonique, pas de livre, pas de télévision, pas de jeu video, pas de théâtre, de karaoké ou de cinéma à proximité,… Une touriste hollandaise croisée sur le chemin en sens inverse détient la solution : la méditation ! Mon guide et moi rejoignons la tente avant même la tombée de la nuit. Cette fois je contre-attaque : j’établis mon « lit » de fortune de l’autre côté du tronc d’arbre, qui nous servira de barrière inviolable pour le reste du voyage.
Jour 3 : Blessures de guerre
Temps de cheval : 9 heures
Ce matin, le guide prend son temps alors qu’une longue journée nous attend. Les collines laissent place à d’énormes montagnes de pierre. Les chevaux marchent au pas sur de gros cailloux avant de rejoindre un sentier de forêt, puis une clairière envahie de mouches et de moustiques.
Moksou s’arrête pour faire trois fois le tour d’un owa, une sorte d’autel de prière chamano-bouddhiste. Pour le moins imposant, il est constitué de pierres, de crânes d’animaux, d’écharpes rouges (feu), vertes (végétation), bleues (ciel), jaunes (bouddhisme) et blanches (lune), et de billets de banque. Cette sculpture ainsi affublée est censée faciliter la communion avec les esprits.
Qu’est-ce que mon guide a fait pour m’énerver aujourd’hui ? Alors qu’il tente de rejoindre Renchinlhumbe le plus rapidement possible, il oublie qu’il a à sa charge une touriste dont l’équitation n’est pas la compétence principale ! Alors que la douleur dans mes genoux devient insupportable, je descends de ma monture et la traîne au pas par les rennes. Je perds bientôt Moksou de vue et mon cheval, qui ne pense qu’à rejoindre ses compagnons, s’emballe. A quoi sert un guide si ce n’est à prévenir ce genre de situation et à rassurer les cavaliers amateurs ?
Nous rejoignons le village de Renchinlhumbe aux alentours de 20H30, après avoir traversé de gigantesques pâturages parsemés de ruisseaux, où paissent ça et là des troupeaux de chevaux, de vaches ou de yaks. Ce village, le plus grand de la région, a des allures de Monopoly, avec ses clôtures agencées comme un plateau de jeu et ses maisons de rondins de bois aux toits colorés jaunes, rouges, bleus ou verts ! Je demande à Moksou de m’emmener dans une guesthouse pour passer, enfin, une bonne nuit au chaud. J’en profite pour piquer une couverture pour mes prochaines nuits sous tente !
Jour 4 : Le repos de la guerrière
Temps de cheval : 3 heures 30
Ce matin, les chevaux se reposent. L’heure du départ établie pour 13H me permet de passer à la banque (située dans une cabane construite de rondins de bois, la guichetière semble utiliser la machine à carte pour la 1ère fois !) et d’envisager de prendre une douche avant de déjeuner. Sauf que le camion censé livrer l’eau n’arrive que dans l’après-midi.
Si tu attends 20 minutes tu auras de l’eau chaude !
Trois heures plus tard, je réalise enfin mon rêve…
Qu’est-ce que mon guide a fait pour m’énerver aujourd’hui ? Amra, une amie de la gérante, fête ses 30 ans, ce qui fournit l’occasion à Moksou de s’enfiler 6 litres de bière. Je ne suis pas laissée pour compte : la tradition mongole veut que l’invité accepte 3 verres des mains de son hôte. Finalement nous ne quittons le village qu’à 17H. Après 3 heures et demi de cheval à vive allure, les magnifiques paysages de lacs dans lesquels se reflètent montagnes, nuages, troupeaux de vaches, de yaks et de chevaux finissent par m’apaiser. Nous traversons la rivière à la tombée de la nuit, sur un radeau de bois (mais pourquoi n’ont-ils pas construit de pont à cet endroit ?), et dressons la tente juste de l’autre côté, dans un cadre enchanteur, entouré de lacs et de rivières.
Jour 5 : Le repos de la guerrière bis
Temps de cheval : 2 heures 30
Nous atteignons enfin le village de Tsagaannuur à l’heure du déjeuner, après avoir traversé de sublimes paysages, identiques à ceux de la veille, et gravi des montagnes, non sans fatiguer nos pauvres chevaux.
Si ce village ressemble beaucoup au précédent, il a l’avantage d’avoir été construit en bordure d’un lac magnifique. Nous sommes accueillis dans la yourte d’une vieille dame qui nous sustente de viande de chèvre à découper directement sur le cadavre de la bête, et de pain si délicieux qu’il n’a rien à envier aux meilleures boulangeries françaises !
Qu’est-ce que mon guide a fait pour m’énerver aujourd’hui ? Il est à peine 14H et il décide de passer la nuit sur place… Je fais pression sur lui pour continuer notre route et profiter plus longtemps des Tsaatanes, mais il trouve de bons arguments pour me faire rester : je dois d’abord faire tamponner mon permis au bureau des garde-frontière (ce qui ne se fait pas sans mal, n’ayant pas mon passeport sur moi), puis Moksou doit s’assurer qu’une jeep m’amène bien de Tsagaannuur à Mörön le 9ème jour. C’est crucial en effet : sans ce départ en temps et en heure, je rate mon bus pour Ulan-Bator, et mon train pour Irkoutsk en Russie. Malgré ses recherches, il n’est capable de ne me donner que des horaires approximatifs. Je suis bien obligée de m’en contenter !
Nous passons donc l’après-midi, la soirée, la nuit dans cette yourte à l’entrée de Tsagaannuur. Moksou en profite pour faire la sieste et prendre une douche. Je n’ai pour toute distraction que la musique d’une belle Mongole aux yeux si étincelants que je prie qu’un agent de mannequins la découvre (à Tsagaannuur, ça risque d’être compliqué malheureusement…), et une petite gamine de 2 ans environ qui s’amuse à passer ses doigts dans le trou élargi de mon pantalon. Quelle surprise de découvrir que Kamaro (« Donne-moi ton cœur baby, ton corps baby,… ») a dépassé les frontières de la France pour atteindre la Mongolie reculée !!! Le temps passe trop lentement jusqu’au dîner, même si cette après-midi de farniente me permet de m’immerger un peu dans la vie des villageois. Ma vieille hôtesse trait les yaks en fin d’après-midi. Puis elle prépare les pâtes pour le dîner, qui seront accompagnées de la viande de chèvre de mon guide. Les pâtes mongoles sont préparées à base de farine mongole et de lait de yak : les femmes en font d’abord des crêpes très fines, qu’elles coupent et superposent avant d’en trancher de fines lamelles. A 20H30, les hommes de la famille reviennent à moto de je ne sais où, intègrent la yourte, mettent les pieds sous la table (c’est une façon de parler, il n’y a pas de table dans une yourte !) et attendent de se faire servir…
Jour 6 : L’atteinte du Graal… ou pas
Temps de cheval : 4 heures
De pire en pire, même si nous n’avons pas besoin de défaire la tente, Moksou ne selle nos chevaux qu’à 11H, avant de partir au village recharger sa batterie pendant une heure supplémentaire ! Nous chevauchons depuis 4 heures, observant au passage les pâturages se transformer en taïga, quand Moksou m’indique au loin les tipis des Tsaatanes… Enfin ! Mais c’est un peu tôt par rapport à l’heure prévue, non ? Mon guide attache les chevaux et il est sur le point de monter la tente lorsque nous rencontrons un petit groupe de Mongols dont, heureusement, quelques-uns parlent un peu anglais. Je m’inquiète de ce que les tipis que nous avons vus sont dépourvus de gens et de rennes…
C’est normal, ce sont de faux tipis construits pour le tournage d’un film sur les Tsaatanes !
S’il me fallait encore une raison pour haïr Moksou, la voilà servie sur un plateau d’argent ! Qu’est-ce que mon guide a fait pour m’énerver aujourd’hui ? Il m’a menti ouvertement ! Par l’intermédiaire de l’équipe de tournage, je lui demande s’il sait où se trouvent les camps Tsaatanes et combien de temps il faut pour les rejoindre. Là il m’annonce qu’il faut 20 heures et que je suis trop lente pour y parvenir ! Je ne mets pas longtemps à prendre une décision : de rage et si près du but, je tente le coup. Nous trottons depuis moins d’une heure lorsque, assise sur les pâturages au milieu de tentes et d’un groupe de touristes, m’apparaît mon ange salvateur : Boogii !!! Pour remettre les choses dans leur contexte, Boogii est guide pour la Golden Gobi Guesthouse, et elle m’avait déjà sauvé la vie une fois lorsque, rencontrée par hasard dans le bus pour Daralandzadgad dans le désert de Gobi, elle m’avait intégrée à un groupe de touristes qu’elle chapeautait.
Bref, me voilà sauvée ! Qui plus est, elle emmène sa « team » comme elle l’appelle, composé de 2 Israéliennes et 3 Belges à l’humour décapant, dans les camps Tsaatanes le lendemain, avec un retour prévu le surlendemain, ce qui correspond exactement à mon programme ! Je peux donc voyager avec eux ! Ma Boogii est si maternelle qu’elle cuisine pour tout le monde. Après avoir vécu sur mes vivres, voilà que Moksou se permet de taper dans les réserves des autres !
Jour 7 : En avant compagnons !
Temps de cheval : 4 heures
Contrairement aux allégations de mon idiot de guide, il ne faut que 4 heures pour rejoindre les camps Tsaatanes de l’est de la taïga ! Qu’il est bon de traverser forêts et montagnes enneigées auprès de compagnons de route avec lesquels converser !
Trois camps Tsaatanes sont dressés en bas de la montagne, dans une vallée bien fraîche. Au milieu des tipis circulent de majestueux rennes aux bois recouverts d’un fin duvet. Une famille très hospitalière nous invite à déguster du lait de renne et quelques morceaux de pain et de fromage dans sa demeure. Le tipi est constitué d’une armature de grosses branches d’arbres reliés à leur sommet et recouvertes de tentures. A ces branches pendent viande séchée, carrés de fromage, ceintures et chapeaux. En effet, ces deux derniers accessoires représentent beaucoup aux yeux des Mongols et les suspendre lorsqu’ils ne sont pas utilisés est un symbole de respect de la personne. D’ailleurs Boogii réprimande l’un des Belges, qui donne sa casquette en pâture à l’un des chiens. Ces animaux sont nombreux dans la taïga, ils ont pour fonction de protéger les rennes lorsque les loups chassent.
La chaleur du poêle est si suffocante que nous ne tardons pas à sortir du tipi pour partir à la découverte des deux campements situés un peu plus loin. Pour les rejoindre, il nous faut traverser à pied les buissons de la taïga et les rivières, alors que les Tsaatanes parcourent ce trajet en chevauchant leurs rennes. On se sent si ridicule à côté de ces gamins qui montent leurs chevaux sans selle et pieds nus ! Nous avons la chance de croiser la route de Zaïa, une Mongole qui a passé sa jeunesse aux Etats-Unis avant d’épouser un habitant de la taïga il y a six ans, et de Magali, une anthropologue française qui revient dans les camps tous les étés depuis 20 ans. La communication en est grandement facilitée !
Les Tsaatanes se sont bien adaptés au tourisme. C’est l’heure du marché aux sculptures, où chaque artisan étend sur de petites couvertures les œuvres réalisées de ses mains : cornes de rennes et médaillons sculptés, sacs en peau de renne, blagues à tabac en pierre douce, bracelets de jade,… Certaines familles s’en retournent enrichies, avant de partir traire leurs rennes.
Qu’est-ce que mon guide a fait pour m’énerver aujourd’hui ? Lui et ses compagnons ont passé la nuit à jouer aux cartes et à se saouler à la vodka, tant et si bien qu’à 4H du matin, fortement éméché, Moksou tente de séduire Boogii sous ma tente !
Jour 8 : Le départ… à l’heure mongole
Temps de cheval : 4 heures
La nuit a été rude : malgré les cris des chiens et l’intervention des guides, les loups ont capturé l’un des rennes et nos chevaux, effrayés, ne se sont pas nourris. Pour le déjeuner, nous achetons des beignets de viande, une spécialité locale, auprès d’une famille Tsaatane qui vit dans un tipi voisin. L’homme de la maison est un chaman. Il a hérité ce don de sa mère et de sa grand-mère avant elle, décédées respectivement à 75 et 102 ans, un âge très avancé pour des nomades aux conditions de vie si précaires. Il n’est pas encore apte à entrer en relation avec les défunts pour prédire l’avenir, il attend une révélation du ciel promise par ses aïeules. Dans tous les cas, il critique sans vergogne les écoles de chamanisme qui ont vu le jour à Oulan-Bator ces dernières années, il lui paraît évident que des jeunes de 18 ans sans don ne puissent être que des charlatans.
Une fois le déjeuner prêt, il nous faut attendre que nos chers guides finissent leur partie de cartes, démontent les tentes et sellent les chevaux avant de partir ! C’est qu’en Mongolie, le client n’est pas roi, et Boogii a peur de brusquer ces hommes à l’humeur imprévisible, qui pourraient se révéler être des obstacles à un retour en toute sécurité… La malchance veut qu’à notre départ nous soyons arrosés par des trombes d’eau. Mais une fois l’orage passé, les guides et les chevaux excités s’en vont au galop, ce qui nous réjouit fortement ! Nous dressons le campement au même endroit où nous nous sommes rencontrés pour passer une dernière nuit ensemble. J’en profite pour parcourir seule l’étendue des pâturages, au milieu des collines et des chevaux, une dernière fois avant mon retour à la civilisation. Cette fois je partage la tente de l’un des Belges et ses compatriotes s’en donnent à cœur joie à coup de blagues grivoises, ce qui nous permet de finir la soirée dans la joie et la bonne humeur !
Qu’est-ce que mon guide a fait pour m’énerver aujourd’hui ? Aussi surprenant que cela puisse paraître, rien…
Epilogue
Pour une fois, je n’ai pas à me plaindre de Moksou. Il se réveille à 6H du matin comme prévu et nous sommes de retour à Tsagaannuur avant midi, de quoi me laisser le temps de grimper dans la jeep pour Mörön… Sauf qu’il n’y a pas de jeep pour Mörön… Une gérante de guesthouse me demande d’attendre dans sa yourte, le temps qu’elle organise une voiture pour moi. J’ai attendu, attendu, elle n’est jamais venue (lai lai lai lai)… Finalement j’en trouve une le lendemain après-midi, et c’est parti pour 12 heures de trajet éprouvant sur des routes cahoteuses mais dans une ambiance détendue tant mes passagers sont joyeux. Je réussis à prendre un avion pour Oulan-Bator et récupérer mon passeport à l’ambassade de Russie, juste à temps pour prendre un train pour Irkoutsk, une demi-journée après celui dont j’avais déjà payé le billet. Heureusement, j’ai négocié avec l’organisatrice du trek à cheval de ne payer que ¾ du montant initial, ce qu’elle accepte vu mon mécontentement. Qui va oser me dire à mon retour que je viens de prendre 6 mois de vacances ???
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[…] nord de la Mongolie, sur le dos d’un cheval, précédée de mon guide Moksou (lire l’histoire ici). Nous venons de partir de Tsagaannuur et voici qu’il m’indique de la main les tipis des […]