Il était une fois, dans le monde merveilleux de l’Afrique du Sud, plus précisément dans le désert du Karoo, à 4 heures de Cape Town, une ville éphémère, appelée Tankwa Town. Surgissant du désert comme dans un rêve, tel un patchwork coloré, elle devenait le théâtre, une semaine par an, d’un rassemblement aussi hétéroclite que féérique. Au milieu du désert se dressaient des sculptures géantes, des créatures fantaisistes se baladaient à pied ou à vélo, bientôt emportées par des véhicules mutants qui les transportaient d’une trance party à une autre. Un couple d’indiens chevauchait un escargot géant, des animaux grimpaient sur un champignon lumineux, des fées embarquaient sur un bateau pirate tiré par une voiture recouverte de dauphins.

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Les habitants de Tankwa Town, les Burners, se rassemblaient en tribus qui ne se vouaient qu’amour et solidarité. Ils étaient quelques 13000 à arpenter les allées qui séparaient les camps de toile, les tentes et les voitures, et le cercle désertique au centre de la ville. Les tribus les plus créatives s’attelaient pendant des mois avant la naissance de la ville à construire une sculpture géante. Faits de matériaux divers et variés, de bois, de fer, de toile, de matériaux organiques, une noix de coco, des hommes qui s’entrelacent, une fleur de lotus géante, un œuf, étaient amenés à disparaitre au fur et à mesure de l’événement, brûlés devant une audience tantôt délirante, tantôt religieusement silencieuse. L’éphémérité de l’art dans toute sa splendeur…

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Lorsque le premier bûcher s’embrasa, ses cendres rougeoyantes tapissant le ciel noir, les Burners les plus courageux bravèrent le froid et entamèrent, nus, une course effrénée autour des flammes. Un dinosaure de fer forgé, après avoir pris feu, continua à marcher, la gueule béante, lâchant ses cendres rougeoyantes au gré de son passage… Magique ? Fou ? Non, normal, n’oubliez pas que cette histoire se passe à Tankwa Town !

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Sur cette planète féérique, le jugement, les conventions, la loi n’existaient pas. A Tankwa Town, pas de monnaie sonnante et trébuchante : les échanges étaient rythmés par le don et l’entraide. Le Bar des Aliens et le Café Ethiopien proposaient du café et du thé toute la journée. Plantes, pirates, animaux divers et variés distribuaient des fruits et des sucettes à tous les marcheurs qui croisaient leur chemin. Le stand de peinture sur soi côtoyait celui des fessées gratuites. Parfaits inconnus la seconde d’avant, l’indienne proposait au loup de croquer dans son collier de bonbons en échange d’un baume pour les lèvres.

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Le jour, les boites de nuit éphémères poussaient comme des champignons en plein désert et licornes, tigres, lutins et autres personnages fantastiques se trémoussaient au son de la deep house. Une tempête de sable et voilà que les résidents de Tankwa Town revêtirent leurs lunettes de protection et leurs couvertures. Avec ses véhicules mutants et ses créatures mystiques, leur monde ressembla de plus en plus à celui de Mad Max ou de Luke Skywalker ! Qu’à cela ne tienne, la tempête n’aura pas raison des Burners qui continuèrent à danser sans relâche dans le vent et le sable, comme si leur vie en dépendait.

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La nuit, la ville et les véhicules mutants s’illuminaient, donnant à ce monde enchanté une couleur plus psychédélique. En manteaux et bonnets, ses résidents, couverts de guirlandes éclairées, évoluaient entre le Spirit Train, Lighthouse, Neverland et Far Far Away en fonction de leurs envies, de leurs amis, de leur passion pour la deep house ou la trance.  La musique commençait dès 8H du matin et ne s’arrêtait qu’au dernier burn de la nuit, vers 5H du matin. L’adrénaline procurée par l’émerveillement de ce monde enchanté aurait suffit à maintenir tous ces êtres heureux éveillés pour ne pas en perdre une seule miette. En cas de baisse de régime, MDMA, LSD et autres se consommaient sans crainte, sans addiction et sans violence. Mario et Luigi distribuaient des champignons magiques. De petits animaux venaient en aide aux Burners dans le besoin… La folie devenait la norme. Le temps n’existait plus. L’horloge biologique conditionnait les actions, la faim faisait manger, le sommeil faisait dormir. Même en pleine nuit, il était facile pour les membres des tribus de retrouver leur camp, avec des repères visuels à foison. Il leur suffisait par exemple de suivre la lumière des aliens et de prendre à droite après la forêt, seul espace vert du désert de rochers et de sable. Loin dans l’espace, la Terre illuminée guidait leurs pas sur cette planète déjantée.

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La semaine atteignit son terme et il fut l’heure pour les résidents de Tankwa Town de quitter la ville. Elle se démonta petit à petit sous leurs yeux mais il lui aura fallu plusieurs semaines avant de disparaître sans laisser de traces dans le désert. Heureusement elle renaîtra de ses cendres l’année prochaine à la même époque. Les Burners quittèrent leur monde féérique non sans en emporter un bout avec eux. Certains retrouvèrent leurs émotions et leur comportement civilisé immédiatement après avoir quitté la planète enchanteresse, leur réadaptation fut plus rapide. D’autres se sentirent agressés par les voitures et le bruit de la ville. Il sembla à certains avoir absorbé les ondes positives de l’environnement enchanteur de l’AfrikaBurn pour construire une bulle de bonheur hermétique à la pression des temps modernes. Tous vécurent heureux : cette expérience leur apprit que leur réalité dépendait de leur propre perception du monde qui les entourait.

The end