Quand on vous dit « désert », je suis persuadée que votre imagination étriquée reproduit les dunes de sable infinies du Sahara, parcourues par un dromadaire surmonté d’un bédouin qui protège son visage par un turban. Et si je vous dis « désert de Gobi » ? Les moins ignorants d’entre vous (ou ceux qui sauteront sur Google) verront en image de vastes étendues de terre recouvertes de petits buissons. Mais le Gobi s’arrête-il vraiment à cela ? Non ! J’ai été fascinée par la diversité de paysages qu’offre ce désert, mais aussi par la solidarité de ses habitants, nécessaire au vu des conditions climatiques difficiles qu’ils doivent parfois affronter.

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Le Gobi, un désert aux mille facettes, construit sur des légendes

Les chameaux se baladent sur d’immenses étendues de rien, flanquées de touffes d’herbe. Au soleil, la chaleur est suffocante. A l’ombre elle devient supportable, pour être remplacée par un froid glacial à la tombée de la nuit.

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Selon la légende, un homme voulait vendre ses trois belles jeunes filles à trois vieillards très riches. Leur mère les aida à s’enfuir. Dans leur périple, elles rencontrèrent trois intrépides cavaliers, dont elles tombèrent éperdument amoureuses. Les vieillards jaloux les firent assassiner, ce qui donna naissance aux trois montagnes qui composent Yolyn Am.

Le canyon de Yolyn Am a, en certains endroits, des passages si étroits que seul un chauffeur expérimenté peut y faire passer son van. Au milieu des fleurs se cachent des milliers de Fred Hamster et coule une rivière, gelée pendant la majeure partie de l’année. Des owas, fabriqués par les locaux, parsèment le chemin. Il s’agit d’une sorte d’autel de prière chamano-bouddhiste. Pour le moins imposant, il est constitué de pierres, de crânes d’animaux, d’écharpes rouges (feu), vertes (végétation), bleues (ciel), jaunes (bouddhisme) et blanches (lune), et de billets de banque. Cette sculpture ainsi affublée est censée faciliter la communion avec les esprits.

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A Khongoryn Els, d’immenses dunes de sable surmontent les terres arides et couvertes de buissons du désert de Gobi. Si elles ne se perdent pas à l’infini comme celles du Sahara, elles sont assez hautes pour en rendre l’ascension, même en soirée, extrêmement éprouvante !

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Les montagnes se dotent de toutes sortes de couleurs. Rouges à Bayanzag, elles arborent des reflets violets ou bleus ailleurs.

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Là où l’on peut compter sur le secours des hommes

Les Mongols sont connus pour leur hospitalité. Il est vrai que le pays est si étendu, et les habitations si rares, qu’un voyageur au long cours a forcément besoin de faire escale dans l’une de ces yourtes à un moment où à un autre. Il y aura toujours pour lui du pain tout juste sortir du four et du lait de chèvre, de jument ou de chameau.

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Dans une même journée, on peut assister à des conditions météorologiques si différentes ! L’absence des bâtiments d’une ville, ou même de montagnes, permet au voyageur de perdre son regard vers l’horizon, sans obstacle à sa vue. Parfois les nuages caressent la terre de leurs rayons verticaux : il pleut averse ! Le retour du soleil laisse place à de magnifiques arcs-en-ciel. Parfois, en plein après-midi, les enfants jouent au volley-ball à l’aide d’une corde suspendue au-dessus des toits de deux yourtes, ou traient les vaches, chameaux, chèvres, et la minute d’après une tempête de sable force tout ce beau monde à se réfugier dans une yourte, dont on ne peut sortir, l’espace de quelques secondes, qu’un foulard recouvrant tout le visage et des lunettes sur les yeux !

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Il est difficile, voire impossible, de vivre seul dans le désert, sans compter un jour ou l’autre sur le soutien de ses voisins, tant les conditions climatiques sont impitoyables pour l’être humain et ses animaux. Après une averse particulièrement violente (faisant rêver le lecteur !), la route devant nous s’est transformée  en rivière. Tous les vans russes, moyen de transport le plus robuste pour explorer la Mongolie, s’arrêtent les uns près des autres. Les chauffeurs, même les plus expérimentés, savent que le passage sera délicat. L’un d’entre eux, aidé de ses homologues, installe des chaînes robustes sur les roues avant. Il traverse la rivière improvisée le premier… Et ça passe ! Le deuxième van suit sans chaînes, mais son conducteur s’en sort bien, de même que le troisième, et ainsi de suite. Malheureusement, le passage répété des véhicules rend les chemins de plus en plus boueux et impraticables… Les deux derniers restent embourbés.

Mongolie désert Gobi vans embourbés

Des Français auraient tracé leur route sans un regard en arrière pour ses compatriotes. Mais chaque conducteur mongol a arrêté son van après le passage de la rivière. A la vue des deux derniers en difficulté, voilà que chaque chauffeur sort la corde qu’il a dans son véhicule. Chauffeurs et guides, tous se mobilisent pour attacher les cordes ensemble à l’aide de tuyaux de métal, pendant que j’entends mes crétins de compatriotes français s’exclamer :

Pourtant notre chauffeur lui a montré la route à suivre ! Il a voulu faire le malin en en empruntant une autre, tant pis pour lui !

Et voilà les Mongols les pieds dans la boue jusqu’aux genoux, à tirer sur les cordes pour aider le van sur terre ferme à tracter celui qui est embourbé. Les spectateurs applaudissent l’exploit. Moi j’applaudis l’acte humain.