Quand Roxane nous a proposé « Ca vous dit de plonger avec les requins ? » et que j’ai vu les étincelles dans les yeux d’Yvan, mes mains sont devenues moites… Quelques jours plus tard, le trajet de 3 heures qui nous mène de Cape Town à Gansbaai finit de me faire perdre mes moyens ! Les locaux de White Shark Projects diffusent de la musique techno et des films de requins surgissant de l’océan, la silhouette menaçante… au moins on est tout de suite mis dans l’ambiance ! Dans le trajet en bateau d’une vingtaine de minutes sur les vagues déchaînées, c’est la musique de Pirates des Caraïbes qui me chatouille les oreilles… une belle façon de se donner du courage en mangeant des barres de céréales ! Mais l’accalmie n’est que de courte durée : voilà que les membres de l’équipage nous invitent à enfiler nos combinaisons de plongée et nous donnent les instructions nécessaires à notre maintien en vie… Bon, j’exagère, le pire qui puisse nous arriver est de perdre quelques doigts parce qu’au lieu de placer ses mains sur la barre intérieure de la cage, elles entourent les barreaux.

Avec 5 personnes par cage, j’insiste auprès de mes deux camarades pour faire partie de la troisième et dernière plongée. Volonté raisonnable d’observer avant de me jeter littéralement à l’eau ? Peur irraisonnée ? A vous de deviner ! La plongée en cage avec les requins est extrêmement réglementée : les marins ancrent leurs navires aux endroits prévus à cet effet, aux heures définies par la loi. Un membre de l’équipage jette de la soupe de poisson dans l’eau pour attirer le cruel animal avant de jeter une énorme tête de poisson maintenue par une corde à proximité de la cage. Lorsque le requin apparaît, attiré par le fumet de la soupe, l’homme tire la corde sur la cage pour que le requin s’y engouffre. Vue du bateau, l’expérience est effrayante !

Ca y est, c’est notre tour ! La première épreuve consiste à rentrer dans l’océan Atlantique, dont l’eau gelée malgré l’apogée de l’été pénètre à l’intérieur de notre combinaison… brrrr ! On attend ainsi sans bouger dans la cage, seule notre tête recouverte d’un masque reste en surface. Tout à coup, on entend « Down ! Down ! ». C’est le signe que l’animal est en vue, s’approche dangereusement de la cage et qu’il est temps de plonger. L’eau gelée s’engouffre à présent dans la partie de la combinaison qui recouvre la tête et picote le visage. Je fais bien attention à poser mes mains sur la barre intérieure de la cage et tire mon corps vers le bas pour éviter qu’il ne remonte en surface. Et là… rien : la visibilité est si mauvaise que même si la cage bouge, signe que le requin l’a au moins frôlée, je ne vois strictement rien, nada, nothing, même pas une dent, un œil ou une queue de requin ! L’opération se répète plusieurs fois, avec le même constat.

Finalement je ne ressentirai pas l’adrénaline qu’on m’avait promise lors de cette expérience, alors que notre groupe a bénéficié du plus grand nombre de passages des requins ! A retenter ? Je ne suis pas sûre…