Népal Bakhtapur marchéBhaktapur, ville moyenâgeuse à 30 minutes de Katmandou, recèle de trésors d’architecture préservés grâce à la communauté internationale (et un droit d’entrée exorbitant !). Outre son Durbar Square et ses autres places dignes d’intérêt, Bhaktapur abrite également les descendants d’un art qui, s’il ne résiste pas dans cette ville, sera perdu pour toujours : la peinture Thangka. Rencontre avec un jeune artiste, formé par son père, Tasi Lama, maître depuis 1980.

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La peinture Thangka regroupe trois types d’œuvres, censées raconter la vie de Bouddha : les mandalas, les roues de la vie et des représentations de dieux bouddhistes. Les modèles de ces différentes œuvres sont reproduits à l’identique d’une pièce à l’autre, avec plus ou moins de talent : l’artiste ne prend aucune liberté par rapport à des dessins dont on a oublié qui les a conçus pour la 1ère fois, mais qui portent en eux tant de symboles religieux qu’on estime que le Bouddha ou le Dalaï Lama en personne en seraient à l’origine ! Seules les couleurs permettent aux artistes de s’exprimer plus librement.

Les mandalas

Népal Bakhtapur Thikha mandalaIl existe 3 types de mandalas, de la même façon que, même s’il n’existe qu’une seule forme de bouddhisme, il existe différentes façons de le célébrer :

  • Externe : il représente la vue d’un monastère du dessus, avec ses murs et ses enceintes.
  • Alternatif : son personnage principal est un Bouddha en pleine méditation.
  • Interne : plusieurs dieux bouddhistes s’y concentrent et méditent.

On peut en trouver de magnifiques au Palais de Potala, à Lhassa.

La roue de la vie

Népal Bakhtapur Thikha roue de la vieC’est le bouddha en personne qui en aurait peint la 1ère représentation. La roue de la vie représente le cycle de vie des êtres humains. De l’intérieur vers l’extérieur, on retrouve dans les différents cercles :

  • Au centre se trouvent un cochon, un serpent et un coq, symboles respectifs de l’ignorance, de la colère, de l’avarice et de l’envie. Ils représentent quelques-uns des péchés capitaux qui décrivent si bien la personnalité de l’homme.
  • A gauche, le personnage clair atteint le nirvana, tandis qu’un destin funeste attend ceux de droite, qui entament une plongée en enfer.
  • En haut sont dépeints des royaumes de paix, tandis que le demi-cercle du bas représente les habitations des démons et les enfers.
  • Enfin, sur le cercle extérieur, 12 scènes avertissent l’être humain sur les rapports de cause à effet.

La roue de la vie est détenue dans ses griffes par le dieu de la mort. Cette image induit que tout être vivant est mortel et que le cycle de la vie se solde irrémédiablement par sa perte.

La représentation des dieux bouddhistes

Népal Bakhtapur Thikha portrait 1Ces œuvres contiennent bien moins de détails minutieux que les mandalas ou les roues de la vie, et la difficulté de leur réalisation réside dans l’application des couleurs en dégradé.

C’est le coton qui sert de support aux œuvres Tangkha. La peinture est un mélange d’eau et de pigment naturel, mais les artistes peuvent à l’occasion enduire le coton d’huile pour lui donner un côté antique. Dans tous les cas, il vaut mieux éviter de les exposer au soleil.

La famille de Tasi Lama est népalaise, mais son fils pense qu’elle vient du Tibet, d’où est originaire l’art de la peinture Thangka. Ses parents, sa sœur et lui-même se relaient sur les mêmes œuvres, en fonction de leurs prédispositions. Tasi Lama enseigne également ses techniques à des étudiants.

Il faut 3 mois pour apprendre l’art et 10 ans pour le maîtriser. En fonction de la taille et de la finesse de la peinture, il faut 2 semaines à 3 mois pour en venir à bout.

Népal Bakhtapur Thikha étudiants 1Népal Bakhtapur Thikha étudiants 2

La famille de Tasi Lama exporte ses œuvres en Chine et au Bhoutan, et rêverait d’étendre sa réputation en Europe et aux Etats-Unis.

Une exhibition de 20 jours en Chine nous rapporte l’équivalent de notre chiffre d’affaires annuel !

En dehors des familles, qui transmettent leur savoir-faire à leurs descendants de génération en génération, il existe également une école de peinture Thangka. C’est un jeune homme extrêmement talentueux, en apprentissage depuis 10 ans, qui me fait la visite.

Népal Bakhtapur Thikha tapisserieL’atelier est composé de 3 pièces. Dans la première, celle qui donne sur la rue, les jeunes artistes s’affairent à reproduire avec minutie les motifs minuscules et compliqués des mandalas. Mon hôte dessine des lions de quelques millimètres à la perfection, et il est même capable de tracer des traits de couleur dans des espaces qui ne dépassent pas 2 millimètres ! Dans la pièce de derrière, de jeunes femmes  s’affairent à apporter des touches de couleur aux représentations des dieux. Enfin à l’étage, un entrepôt/magasin stocke et vend les œuvres, pour beaucoup insérées dans des tapis muraux. C’est la forme la plus répandue au Bhoutan.

Népal Bakhtapur Thikha Tara blancheJe craque sur une Tara Blanche, la déesse aux 7 yeux. Fidèle de Bouddha, elle serait née des larmes de Bodhisattva, et enseigne la compassion et la gentillesse au monde. L’œuvre coûte tout de même 700$, auxquels il faut ajouter 150$ de frais de port pour l’envoi en Europe.

Les touristes peuvent également se procurer de petits mandalas pour 800 à 2500 roupies. Attention néanmoins à bien observer la peinture avant l’achat : les mandalas à 800 roupies sont réalisés par des amateurs comme en témoignent les traits qui manquent de finesse et les visages grotesques des personnages.

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