L’Afrique du Sud, ce n’est pas l’Afrique : il s’agirait plutôt d’un pays occidental situé sur le continent africain. Cape Town, ce n’est pas l’Afrique du Sud, mais plutôt une ville dynamique et cosmopolite, très européenne, avec une image bien lointaine de ses sœurs Johannesburg ou Pretoria. D’ailleurs à Cape Town, les habitants ne se définissent pas selon leur origine ethnique comme des Afrikaans ou des Cape Malay par exemple, ils sont avant tout « Capetonian » ! Alors qu’en est-il du dépaysement culturel ? Ma foi, il est quand même présent. Voici la liste des  5 choses qui m’ont surprise à mon arrivée…

Il faut acheter son électricité !!!

Il était bon le temps où EDF prélevait son dû directement sur mon compte, avec un employé qui venait relever le compteur une fois par an pour équilibrer les dépenses ! Il s’agit d’un luxe inconnu en Afrique du Sud : ici on achète son électricité… dans une station essence !!! Ca a l’air improbable et pourtant, on va à la station avec le numéro du compteur, on indique au guichetier le montant dont on envisage de créditer ce compteur, on paie et le tour est joué ! Pour les résidents, il existe même une application qui permet d’acheter de l’électricité très rapidement sur internet. Heureusement car un soir, alors que mon colocataire et moi n’avions pas encore pris l’habitude de vérifier le cadran du compteur à chaque fois que nous passions à côté, l’électricité s’est tout bonnement coupée ! Outre le fait que marcher dans les escaliers en mode nocturne peut se révéler dangereux, c’est l’extinction de l’alarme qui m’effraie le plus… Vous vous demandez sûrement pourquoi garder un système aussi inefficace ? Tout simplement parce qu’il sauve des vies : un peu comme quand on joue en bourse, les plus démunis peuvent acheter de l’électricité au moment où son prix est au plus bas.

Les coupures d’électricité sont fréquentes !

Demandez à un expatrié ce qui l’embête le plus en Tanzanie ou en Ethiopie… les coupures d’électricité ! On peut l’imaginer pour l’Ethiopie, mais en Afrique du Sud… En fait ce problème est si répandu qu’on lui a donné un nom : « laud shedding ». Des quartiers du Cap sont privés d’électricité pendant plusieurs heures, voire plusieurs jours, de façon régulière, après warning du gouvernement. Pourquoi ? Parce que la centrale nucléaire du Cap est vétuste et que des travaux de maintenance tardent à être entrepris. Les politiques menacent même en ce moment de mettre en place un laud shedding de… deux semaines !!! Quand je pense qu’en France on se plaint des grèves de la SNCF et du personnel d’Air France, des milliards de perte qu’elles engendrent, imaginez à quel point l’économie et le quotidien des habitants du Cap seraient bouleversés par un tel phénomène ! Impossible de travailler à l’aire d’internet, de prendre une douche chaude, de cuisiner, de se lisser les cheveux… D’accord, certains problèmes sont plus majeurs que d’autres, mais les locaux y voient la possibilité d’une anarchie qui mènerait à la révolution, c’est dire si le sujet est sensible ! Heureusement les quartiers situés à proximité des hôpitaux sont immunisés contre ce fléau, le gouvernement n’ayant pas à cœur de couper l’électricité des institutions de santé.

Il n’y a pas de chauffage…

… et en hiver, ça pique ! (oui, il y a un hiver) Les habitants se munissent de petits chauffages d’appoint, parfois deux par pièce. Seules les luxueuses villas construites par les Européens bénéficient d’un chauffage au sol. Alors on garde nos vestes pour cuisiner, aller aux toilettes, se brosser les dents… Ah, on me dit dans l’oreille que des gens plus intelligents superposent deux pulls, c’est pas idiot… Dans tous les cas, nous ne ressentirons pas de manque de ce côté-là lorsque nous expérimenterons notre premier laud shedding (j’ai hâte !).

Surveillant de voiture est un métier !

En Inde j’avais découvert le métier de nettoyeur d’oreilles, au Cap c’est celui de surveillant de voiture qui m’a étonnée. Ces hommes vous aident à trouver une place, à vous garer (un service rendu non négligeable pour les femmes comme moi) et surveillent les voitures dans une zone délimitée, en échange de 2 à 5 rands (quelques centimes d’euros). Boulot formel ou informel ? Les deux en fait. Des hommes sont payés par la municipalité pour assurer la sécurité des biens des plus riches, tandis que d’autres sans emploi utilisent les mêmes gilets fluos pour gagner quelques rands en toute illégalité… Dans les 2 cas, il s’agit d’un travail d’intérêt public au vu du nombre de vitres qui volent en éclat à Cape Town…

Les musées sont fermés le dimanche !

Et oui, la plupart des musées de Cape Town, même le District 6, sont fermés le dimanche, voire tout le week-end, et les caves des vignobles réduisent leurs heures d’ouverture (oui il est important de le souligner) ! La culture est donc un luxe que ne peuvent se payer que les touristes, les retraités, les chômeurs et les étudiants ; les gens qui travaillent sont voués à rester ignorants ou à prendre sur leurs 15 jours de congés pour s’éduquer…

Il était temps d’écrire cet article ! Mon regard de jeune novice commence à s’accoutumer à ces détails de la vie quotidienne et je sais que d’ici quelques mois, ils me paraîtront tellement banals que je ne réaliserai leur côté exceptionnel que lors de mes retours dans le confort français.