La Norvège vous attire par ses nombreuses activités de plein-air, comme le kayak sur les fjords, la marche sur les glaciers, les treks dans les parcs nationaux ? OU-BLI-EZ ! A partir de fin septembre, au plus tard mi-octobre, un froid mordant parcourt le pays et les chutes de neige empêchent l’accès à tous les parcs nationaux, ce jusqu’au printemps, voire l’été de l’année suivante. De ce fait les agences touristiques ferment et vous vous retrouvez à visiter les villes (le quartier de Bryggen à Bergen, classé au patrimoine mondial par l’Unesco, vaut tout de même le détour), partir en croisières sur les eaux tumultueuses des fjords (ouh la la, sensations fortes garanties !) ou encore parcourir la magnifique ligne ferroviaire Bergen – Oslo… de nuit !

Non, explorateur exigeant, tout n’est pas perdu ! Car la Norvège recèle de trésors moins courus, et avec un peu de chance, même hors saison, vous trouverez chaussure à votre pied. Si la saison d’été court de juin à septembre et que celle d’hiver débute en décembre, octobre et novembre sont l’occasion d’assister à ces merveilleux phénomènes lumineux que sont les aurores boréales. Si vous êtes vraiment en veine, la neige tombera en masse assez tôt pour que les dresseurs de chiens sortent les traîneaux dès début novembre. Mais pour cela, il faut vous rendre dans la province du Troms, 400km au-delà du cercle polaire, où les journées sont encore plus courtes et le froid encore plus mordant… Fan de sports d’hiver, de phénomènes astronomiques et de cultures tribales ? Le Nord de la Norvège vous ouvre ses portes !

Faites escale à Tromso, capitale de la région du Troms facile d’accès en avion depuis Oslo, et point de départ de nombreuses activités hivernales. Votre intérêt pour les samis, peuple habitant les contrées les plus au Nord de la Norvège, de la Suède, de la Finlande et de la Russie, vous poussera probablement plus à l’Est, dans les terre reculées du Finnmark. A l’office du tourisme, optez pour un circuit de 20H avec Tromso Villmarkssenter. Au programme :

• Dîner sami
• Raquettes de nuit
• Nuit dans un lavuu sami
• Petit déjeuner
• Traîneau à chiens de jour
• Déjeuner norvégien

Départ à 18H15 en minibus devant le Blu Raddisson Hotel, en plein centre-ville. Après 30 minutes de trajet, alors que les autres touristes, qui partent en traîneau à chiens sous les aurores boréales, s’habillent en conséquence, vous découvrirez avec stupeur la demeure où vous passerez la nuit. Imaginez une structure de bois en forme de tipi indien, chauffé à bloc, éclairé par des lumières tamisées rouges et blanches en provenance des chauffages et des bougies… D’authentiques peaux de rennes recouvrent le plancher, les bancs de bois, le lit, et même les parois du lavuu, telle une tapisserie ! Les branches d’un arbre traversent la tente de part en part, tandis que des guirlandes de Noël en ornent le plafond. Des fenêtres, la vue sur les montagnes et le fjord éclairé par la lune est troublante.

Quittez ce décor enchanteur pour rejoindre le gamle, où les Samis ont l’habitude de se rassembler pour ripailler et se concerter. On vous y servira du bidos, plat traditionnel sami composé de viande de renne en ragoût avec des pommes de terre, de quoi prendre des forces avant de partir à l’aventure dans les contrées enneigées et désertiques situées au-delà du cercle polaire !

Quand on vous parle de « raquettes » pour la neige, vous pensez raquettes de tennis ficelées à vos bottes, non ? Que nenni, elles se sont bien modernisées depuis ! A présent il s’agit de miniskis qu’on chausse, plus larges et arrondis aux extrémités, sertis de mâchoires en acier qui s’enfoncent dans la neige et la glace pour éviter dérapages et chutes en montée comme en descente. Affublés de ces chaussures et équipés de lampes frontales, vous voilà partis à l’assaut des collines enneigées éclairées par la lune, maladroitement, sans guide, sans carte, avec des explications pour le moins sommaires : « impossible de vous perdre, vous n’avez qu’à suivre les traces des traineaux à l’aller et les hurlements des chiens à votre retour ! ». Marchez lentement et arrêtez-vous souvent pour admirer les étendues de neige vierges de toute trace qui vous entourent, ainsi que les lumières vertes qui dansent presque sans interruption dans le ciel. Au détour d’un chemin, n’hésitez pas à quitter les traces des traîneaux pour suivre celles des animaux qui s’enfoncent dans la forêt, avant de se dédoubler ou de disparaître ! Profitez du froid, de la pureté des paysages, du silence, interrompu seulement par le hurlement des chiens en contrebas !

Après 2H de promenade, reposez-vous sur la terrasse, derrière le lavuu, sur des sièges recouverts de peaux de rennes, un bol de thé à la main, dans l’attente de voir se former d’autres aurores boréales. Une nuit sous les peaux de rennes, vous voilà revenus au temps des hommes préhistoriques ! Ou dans le remake d’un épisode de Friends…

Après un petit déjeuner copieux, il est temps d’enfiler vos bottes et vos combinaisons pour traverser le chenil jusqu’aux traîneaux. Les 250 huskies sont surexcités à l’approche de la course ou du départ de leurs congénères. Chaque traîneau est composé de 5 à 6 chiens : la rangée de devant est tenue par deux chiennes dynamiques et assez intelligentes pour situer la gauche de la droite et obéir aux ordres ; sur le rang du milieu se trouvent une ou deux chiennes capables d’impulser le mouvement vers la gauche ou la droite ; l’arrière est dirigé par deux mâles costauds, capables de tirer l’attelage. Les mâles ne sont jamais placés en pole position car ils sont facilement distraits par les autres animaux, et donc plus difficiles à contrôler (ça alors…).

Conduire un traîneau à chiens répond à quelques principes basiques :

• Ne jamais lâcher le traîneau
• Garder les pieds sur les deux barres
• Ralentir dans les descentes en mettant un ou deux pieds sur le frein, pour éviter que le traîneau ne culbute les chiens
• Aider les chiens dans les montées en poussant avec le pied sur le sol enneigé.

Ah ! Se laisser bercer, bien emmitouflé sous les peaux de rennes, au fond du traîneau… A même le sol, alors que les bosses de neige vous massent l’arrière-train, admirez le soleil matinal, qui semble se lever indéfiniment, éclairer les montagnes et les grandes étendues de neige, avec pour unique fond sonore le traîneau qui glisse au rythme du glapissement des chiens. Conduire le traîneau est plus physique et l’adéquation avec les chiens totale : dès qu’on les stoppe, ils hurlent à la mort, pressés de s’y remettre ! Mais quand on omet de leur filer un coup de pouce dans les montées, ils vous jettent un regard qui en dit long… « Tu vas pousser, oui ! ».

Après 1H de balade, il est temps de déjeuner. Le chef vous a concocté un plat traditionnel norvégien à base de viande de renne, de champignons, de sauce à la crème, de purée et d’airelles, succulent ! Il est 13H30, déjà l’heure de quitter ce paradis blanc…